Monte, monte, monte! (PV) (terminé)

Nouvelle journée qui commençait sur l’île des pokémons. Enfin, pour une fois, elle n’était pas routinière. En effet, la directrice de l’île, Zoé Lukas m’avait fait demandé pour une rencontre. Évidemment, je n’avais aucune idée du sujet de cette rencontre, mais je ne m’en faisais pas. Je faisais très bien mon travail, même mieux que pour certains autres agents de sécurité de l’endroit. Je connaissais mon boulot et ce que je devais faire et j’étais le genre d’homme intransigeant. Si l’on osait faire abstraction des lois et des règles, je sanctionnais sans outre mesure. Je faisais respecter sur toute l’île le respect des règles, mais aussi la courtoisie et j’exécrais la tricherie. Si les combats étaient déloyaux, je m’interposais et je sévissais. Personne n’avait à subir la montée de pouvoir d’un homme ou d’une femme et de leurs amis, juste pour paraître un tant soit peu cool auprès d’eux. Non, ni humain, ni pokémon n’avait à subir cela. J’en avais renvoyé hors de l’île pour moins que ça.

C’est pourquoi j’arrivai de bonne heure à mon rendez-vous avec la directrice, ne m’attendant à rien au final. Je n’avais pas peur et je n’étais pas nerveux non plus. J’affichais simplement un air bien impassible et sérieux sur mon visage comme toujours lorsque je travaillais et je toquai à la porte de son bureau, attendant que l’on m’indique que je pouvais entrer. J’étais patient, je pouvais attendre. Enfin, à la limite de la politesse humaine. On ne faisait pas attendre plus de dix minutes quelqu’un. Sinon, cela méritait des excuses toutes établies.

Alors que je regardais l’heure sur l’horloge du hall, on m’intima d’entrer et alors, j’ouvris la porte pour le faire. Je refermai derrière moi et replaçai sur ma tête mon éternel chapeau. Je m’approchai bien droit du bureau et restai debout, me présentant officiellement.

- Agent Damien Krueger, au rapport madame. Que puis-je faire pour vous?

J’étais d’un sérieux à toute épreuve et Zoé allait s’en rendre compte très rapidement. Disons-le, je n’étais pas âme à rigoler lorsqu’il était question du travail et encore moins lorsque je me trouvais devant ma supérieure et ce, même si elle était des plus jolies.

J’étais bien droit face à la directrice de l’île, les bras collés contre mon corps, attendant qu’elle m’adresse la parole alors que mes yeux bleus la détaillaient légèrement. Elle se leva de son bureau et vint me présenter sa main pour que je la lui serre. Bien évidemment, je le fis avec force et rigueur. J’étais un homme de droiture, une personne qui s’affirmait dans son travail, mais aussi dans la vie de tous les jours. C’était donc tout à fait normal que ma poignée de main me reflète. Mes yeux plongèrent dans ceux de mon vis-à-vis et j’hochai de la tête en l’écoutant me parler, enfin se présenter. Je la connaissais déjà de renommé et de nom, mais c’était la première fois que je la rencontrais en personne. Elle était plus petite que moi, m’arrivant un peu en-dessous du menton. Cependant, je ne la regardais pas de haut, non.

- Enchanté madame Lukas de vous rencontrer enfin. Je suis tout ouïe.

Je l’écoutai me parler relâchant sa main, mais ne m’avançant ni ne me reculant, me contentant de l’observer dans le blanc des yeux alors qu’elle m’avançait des confessions sur mon supérieur, le bureau faisait office d’obstacle de toute façon au moindre de mes mouvements. J’haussai un sourcil lorsqu’elle fit mention de gestes déplacés, mais repris bien vite mon sérieux sachant que les honneurs ne venaient jamais tout seul. Rapidement, je compris que la directrice de l’île voulait me faire monter en grade ou plutôt me donner une promotion. Cela faisait un petit moment que j’étais agent de sécurité sur l’île et j’avouais ne jamais avoir pris la considération de monter au-dessus de ce stade. Je pris un moment de silence avant de m’avancer sur mes paroles.

- Je suis des plus honorés que vous puissiez me considérer comme un bon élément de votre service de sécurité, madame Lukas. Je n’avais jamais vu l’opportunité de monter de grade auprès de votre effectif, mais j’en conclu peut-être hâtivement que vous avez en tête de changer de directeur à la sécurité?

Je continuai de la regarder dans le blanc des yeux, ne coupant pas du tout le contact quand bien même elle se soit accoudée au bureau. Je restais des plus courtois avec ma supérieure et je n’avais en aucun cas envie de la froisser ni de l’agacer. Jamais je n’aurais dans l’idée de commettre envers elle ou n’importe lequel de mes collègues des gestes déplacés. Du moins, en service. Hors boulot, je restais respectueux, mais je n’empêchais pas les gens de m’aborder, ni même de flirter avec moi. Si la personne n’était pas consentante à quoi que ce soit cependant, je n’allais pas plus loin avec elle. Mieux valait parler avant d’agir de toute façon.

Je regardais toujours dans le blanc des yeux la femme devant moi, jusqu’à ce que le Bulbizarre de Zoé accapare son attention et qu’il en obtienne des gratouilles. Je continuai pour ma part, après un bref coup d’œil à la bête, à observer Zoé qui continuait de me parler. Elle me complimentait pour ma perspicacité, mais même un enfant de cinq ans aurait très bien pu faire le lien. J’avais déjà rencontré mon supérieur de département et j’avouai qu’il était assez attiré par l’appât du gain et non les réelles compétences de ses employés. Du moins, cela avait été un homme très près de l’humour. Je me souvenais encore de ses grandes tapes dans le dos qui nous faisaient à tous énormément souffrir. J’étais content qu’il ait été renvoyé, mais je ne m’étais pas douté que j’avais le profil pour devenir le prochain directeur de la sécurité.

- Je suis somme toute en accord avec vos exigences, mais cela reste un tant soit peu sexiste de parler d’un homme en excluant la possibilité de mettre une femme à cette fonction aussi. Je connais des collègues qui pourraient très bien remplir ce rôle.

Je ne décrochais pas mon regard d’elle, de la directrice de l’île. Mes yeux voyageaient sur sa soyeuse chevelure, sur la peau satinée de son visage, de ses pommettes, de son fin menton et même de ses lèvres pulpeuses. Cependant, ce qui retenait le plus mon attention en tant qu’homme, c’était son beau et grand regard qui semblait mettre en évidence toutes les émotions que la jeune femme devant moi pouvait ressentir. Lorsqu’elle me fit mention d’Optimus, j’hochai simplement de la tête et le fis sortir de sa pokéball. Il apparut sur le bureau aux côtés de Baltazar.

- Voici Optimus, mon partenaire pokémon de travail. Nous nous occupons ensemble de faire respecter le règlement et les lois. Nous connaissons par cœur toute l’île, puisque nous la patrouillons ensemble depuis le tout début et ce, à chaque jour. Avoir des parcours pré-établis aide beaucoup.

Mon Marisson s’ébrouait en allant toucher de ses petites pattes le Bulbizarre. Il tenda de lui grimper dessus, mais un seul de mes regards l’en dissuada. Il revint simplement vers moi bien sagement et s’installa tout près de moi. C’était bien mieux comme attitude.

- J’ai bien évidemment débuté mon équipe policière pokémon pour m’aider dans mes tâches. J’ai un deuxième pokémon, un Sovkipou surnommé Pancake. Si vous voulez l’examiner aussi, je peux le faire sortir de sa pokéball.

Je l’écoutai répondre à mes propos, trouvant qu’elle avait somme toute une très bonne attitude. Elle respirait la confiance en elle et en ses compétences et aussi, elle parlait du tact au tact sans avoir peur de dire ce qu’elle pensait. Zoé Lukas était une femme d’ambition et de caractère, une femme forte en soi. J’admirais son acharnement et dévouement pour la cause pokémon et ce projet qui avait vu le jour cette année même. Lorsqu’elle fit mention cependant du fait que les femmes pouvaient même parfois faire mieux que les hommes, j’eus un micro sourire aux lèvres qui disparut bien vide pour retrouver mon sérieux. Je la laissai gratouiller mon Marisson, ce dernier semblant apprécier la marque d’affection de la part de la dame.

-  Vous avez raison. Les femmes peuvent apporter beaucoup à notre société. Elles ont leur point de vue qui diverge de celui des hommes.

J’hochai de la tête et ne lui proposai pas plus que nécessaire de voir mon deuxième pokémon. À voir sa grimace, je sus tout de suite que la directrice de l’île n’était pas à l’aise avec les pokémons insectes. C’était une peur assez courante dans la population terrestre et humaine. Pour ma part, je n’en avais pas peur. Les insectes apportaient beaucoup en ce monde. Je les trouvais intéressant mais sans plus. J’observai Zoé mettre ses talons sur le coin de son bureau et je soupirai intérieurement de ce manque de savoir-vivre. Surtout lorsque la femme en question portait une robe ou une jupe. Néanmoins, je ne passai aucun commentaire, l’écoutant me parler avec sérieux et me sentis piqué au vif lorsqu’elle fit mention du fait que je pouvais refuser par manque de capacité. Mon orgueil en prit un coup et je répliquai aussitôt.

- Madame Lukas, je ne compte pas refuser votre offre, au contraire. Je crois avoir les capacités et les compétences nécessaires pour bien faire ce boulot. Vous mettez vos espérances en moi et cela me touche énormément, mais n’allez pas croire que je resterai enfermer dans un bureau les bras croisés à ne rien faire ou encore à ne remplir que de la paperasse. Je serai un directeur intransigeant et fier qui prendra part aux patrouilles comme le font déjà tous les agents de sécurité de l’île. Certes, j’en ferai peut-être un peu moins, mais je tiens à rassurer la population directement sur le terrain au moins trois à quatre fois par semaine. Est-ce que cela vous convient?

Je reprenais mon souffle après avoir autant parlé, mais mon regard était on ne peut plus sérieux. Je voulais au moins cette condition si je prenais le poste de directeur de la sécurité. Je n’allais pas rester sans rien faire non plus. J’étais un jeune homme actif et je comptais bien le rester.

Je voulais bien que la dame semblait amusée de mes mots et de ma réaction, mais je ne lui laissai pas le plaisir de s’en moquer. J’avais repris contenance, l’écoutant encore et toujours me parler. Optimus avait décidé de sauté du bureau pour retourner au sol, près de moi. Il avait envie d’explorer un peu le bureau, du moins du regard. La pièce était grande pour un petit pokémon comme lui. Pour ma part, j’observai toujours Zoé devant moi, la voyant me glisser un contrat déjà bien rempli devant les yeux. Je me penchai dessus et me mit à le lire tout en répondant à ses propos.

- J’ai tendance à ne pas lésiner sur la paperasse, mais je tenais simplement à spécifier que je ne recherchais pas qu’un travail de bureau. En ce qui a trait à la chasse aux hors la loi, il serait plus judicieux de laisser cela à nos agents compétents. Nous pourrons cependant lorsque vous le voudrez et hors des heures de travail faire un match pokémon.

Je levai les yeux sur elle, plongeant mes orbes bleus dans les siens et y restai plongé une vingtaine de secondes avant de redescendre les yeux sur les feuilles de papier que j’avais sous les mains. Je lus rapidement le contrat et pris entre mes doigts de la main droite le stylo, signant adroitement le formulaire officiel.

- J’aimerais bien me frotter à vous lors d’un combat. Je ne pourrai jamais refuser que j’en sorte vainqueur ou perdant. Je suis bon joueur et bon perdant. Ce sera un gain d’expérience à ne pas négliger.

Je lui rendis ensuite le contrat et le stylo, reportant mon attention sur la directrice de l’île. Je restais neutre et sérieux, mais mon regard semblait soulagé quelque peu. Je me mis à réfléchir aux questions que j’avais, mais je n’en avais pas réellement, sauf une seule ou deux.

- Où sera situé mon bureau et quand le poste sera-t-il effectif?

Eh bien, je n’en attendais pas moins de la directrice de l’île d’Alzarham. Elle avait du mordant tout de même. Je voyais très bien qu’elle était des plus sérieuses dans ses propos. Elle ne voulait pas qu’il arrive quoi que ce soit à ses pokémons et à la population de l’île. On ne pouvait anéantir complètement la mauvaise foi et la méchanceté des gens, mais nous pouvions l’atténuer et la réduire au minimum en agissant rapidement. C’était à cela que servait le corps de sécurité de l’île. J’en étais maintenant le directeur. Je devais montrer l’exemple quoique je le fasse déjà en tant que simple agent de sécurité. Mes parents auraient été fiers de moi s’ils avaient été en vie pour le savoir. Pourtant, ils étaient tous les deux au ciel maintenant. J’étais somme toute certain que de là-haut, ils l’étaient tout de même.

- Je serai là si vous avez besoin de moi en effet. Je ne vous laisserai pas vous battre toute seule contre le crime. Je m’en voudrais si vous étiez blessée. Vous êtes ma supérieure et le cœur même de cette île.

Je l’observai alors que mon Marisson me grimpait sur la jambe pour ensuite se rendre jusqu’à mon épaule où il s’y installa confortablement. Je tournai la tête vers lui et levai la main pour lui caresser la tête quelques secondes tout en écoutant d’une oreille attentive Zoé.

- Merci beaucoup, directrice Lukas. J’irai m’installer plus tard. Je sais que vous êtes occupée et que vous voulez vous dégourdir un peu les jambes avec votre pokémon. Je vous remercie pour l’offre, mais aussi pour tout ce que vous faites pour cette île et ceux qui y vivent. Je tâcherai de ne décevoir personne.

J’allai lui serrer la main avec force et rigueur, comme au tout début. Je ne souriai pas non plus, toujours impassible, mais dans mes yeux elle pouvait y lire ma détermination à faire le bien et à prendre au sérieux mes nouvelles responsabilité en tant que directeur de la sécurité. J’eus un hochement de tête pour la jeune femme et me détournai pour sortir du bureau avec mon propre pokémon sur l’épaule. Je refermai la porte derrière moi et m’en allai pour faire une de mes patrouilles journalières.